VERS MOINS DE GASPILLAGE EN FRANCE
Rédigé par Fanny le 02/06/2019
Le gaspillage alimentaire, qu'est-ce que c'est ?
Selon la définition retenue dans le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire de 2013, le gaspillage alimentaire se définit comme « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaine alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée ».
Chaque année en France, 10 millions de tonnes (1,3 milliard au niveau mondial) d’aliments parfaitement comestibles sont gaspillées ce qui, en plus d’être un désastre environnemental, représente pas moins de 16 milliards d’euros de pertes.
Il est important de savoir que ce sont les fruits et les légumes qui sont le plus touchés. En effet 40% d’entre eux deviennent des déchets alimentaires. Pourquoi un si grand pourcentage ? Pour des raisons de calibrage et à cause d’une mauvaise conservation et utilisation par les ménages.
Comment sont réparties ces pertes dans le chaîne alimentaire ?
Comment sont réparties ces pertes dans le chaîne alimentaire ?
Conclusion, les consommateurs restent les moins bons élèves, mais lutter contre le gaspillage alimentaire dans la distribution reste d’une grande importance et de nombreuses mesures ont été mises en place.
La loi contre le gaspillage alimentaire dans la grande distribution
Votée le 3 février 2016, la loi contre le gaspillage alimentaire, appelée Loi Garot, a pour objectif de réduire de 50% le gaspillage alimentaire d’ici 2025. La réforme principale consistant à interdire aux grandes surfaces de jeter de la nourriture encore consommable et de la détruire, ainsi que de les obliger à signer un protocole avec (au moins) une association afin de faciliter les dons alimentaires, ou de réutiliser les denrées pour faire du compost ou de la nourriture animale. En cas de refus, la grande surface se voit passible d’une amende de 3750 euros. Depuis le 30 octobre 2019, la loi s’étend aux secteurs de la restauration collective et de l’agroalimentaire.
Deux ans après le vote de la loi contre le gaspillage alimentaire en France, y-a-t-il des résultats et quels sont-ils ? Nous sommes ravies de t’apprendre qu’ils sont plus qu’encourageants ! En effet, le volume des dons ne cesse d’augmenter, ce que confirme Mr Jacques Bailet, président du réseau des Banques alimentaires. « En 2015, nous avions récupéré 36 000 tonnes de denrées contre 46 000 tonnes en 2017, ce qui correspond à 92 millions de repas » (Rien que ça !).
Selon une enquête réalisée par Ipsos pour Comerso, « 94% des points de vente interrogés pratiquent le don de denrées alimentaires invendues mais consommables ». Avant le vote de la loi contre le gaspillage alimentaire, « 1/3 des magasins ne donnaient pas » note Guillaume Garot, député PS.
Allant de pair avec l’augmentation des dons alimentaires, pas moins de 5 000 nouvelles associations ont vu le jour depuis le vote de la loi contre le gaspillage alimentaire, le 2 février 2016.
Un problème apparaît tout de même. Les magasins voient trop souvent les associations comme des « centres de tri des invendus des grandes surfaces » souligne Guillaume Garot. Dans la pratique, les magasins ne font aucun tri au préalable et redistribuent aussi des produits devenus impropres à la consommation.
Le député estime qu’il faut « rappeler aux distributeurs leurs obligations, voire lier les avantages de défiscalisation à la qualité des dons » pour pallier ce problème.
Les initiatives anti-gaspillage suite à la loi contre le gaspillage alimentaire
Suite au vote de la loi contre le gaspillage alimentaire, de nombreuses initiatives anti-gaspillage dans la grande distribution ont été mises en place par les enseignes.
C’est le cas de Carrefour qui a décidé de rallonger les dates limites de consommation de 350 produits de sa marque distributeur.
Dans la même lancée, Intermarché a lancé une campagne de communication ayant pour but de mettre en valeur les qualités des fruits et légumes jugés « moches » à cause de leur forme non conventionnelle et donc traditionnellement exclus des rayons.
Le label « les gueules cassées » a vu le jour. Le concept ? Convaincre les grandes surfaces de réintégrer les fruits et légumes « moches » dans les rayons. Ils sont vendus moins cher, offrant donc un avantage économique aux consommateurs sans le priver des qualités nutritionnelles du produit.
Leclerc eux, en partenariat avec McCain, vont encore un peu plus loin en créant leur propre gamme de soupes issues de légumes eux aussi non conformes pour des raisons esthétiques. Cette solution innovante leur a permis de sauver pas moins de 3 tonnes de produits en un mois seulement.
Par ailleurs, le Leclerc de Vannes a mis en place une zone « zéro gaspi » mettant en avant des réductions de -30 à -50% sur les produits proches de leur date de péremption. S’ils ne sont pas vendus, des associations viennent quotidiennement les récupérer pour les redistribuer. Grâce à ces actions du quotidien, en plus de voir le coût de ses déchets et de ses impôts baisser, le magasin a économisé 53 000 euros et a redistribué l’équivalent de 30 000 repas en 5 mois.
Les start-ups innovent elles aussi dans la lutte anti-gaspi
De nombreuses start-ups ont également rejoint la lutte contre le gaspillage alimentaire comme :
Too Good To Go, c‘est une application qui met les consommateurs en relation avec les commerçants de leur quartier pour leur permettre de sauver les invendus du jour.
Phénix qui aide les entreprises à réduire le gaspillage en « réveillant le potentiel de leurs déchets ». Au moment où nous écrivons cet article, ils ont revalorisé pas moins de 14 600 000 kilos de produits alimentaires. Non non, nous ne nous sommes pas trompées dans les 0.
Et Zéro-Gâchis alors ? C’est un service qui référence autour de vous les produits proches de leur date limite de consommation et qu’il faut donc consommer rapidement. Produits bénéficiant d’une forte réduction.
Si on vous dit « Drive tout nu« , à quoi pensez-vous ? Laissez-moi vous remettre dans le droit chemin : il s’agit du premier drive en vrac avec des produits locaux et bio. Alors, si vous êtes de passage à Toulouse, n’hésitez pas à vous arrêtez au Drive tou nu !
Le plus récent de la bande est l’épicerie Nous, anti-gaspi : l’équipe Nous, anti-gaspi développe un réseau d’épiceries qui proposent à leurs clients des produits écartés des circuits de distribution traditionnels à prix avantageux.
Côté, innovation alimentaire zéro déchet …
Résurrection produit des crackers à base de drêche de brasserie et de marc de cidre.
Les confitures Rebelle sont produites à base de fruits et légumes écartés des circuits lors de leur acheminement vers la grande distribution.
Du côté de Nemrod, c’est le gibier, boudé par les français, qui est remis à l’honneur. L’équipe de Nemrod récupère les gibiers qui ne trouvent pas preneur et les transforme en délicieuse terrine pour éviter le gaspillage alimentaire.
Moi Moche et Bon revalorise les fruits « moches » en jus tout en appliquant une juste rémunération aux producteurs.
Evidement, on oublie pas le pain, l’ingrédient le plus gaspillé en France ! Kolectou, réalise des préparations à pâtisserie confectionnées à partir des invendus de pains des fabricants français. Même les cookies peuvent être anti-gaspi !
Enfin, même si notre liste est vouée à s’agrandir, voici un petit dernier pour aujourd’hui : Cocomiette, la bière fabriquée à partir de chapelure de pain invendu.
Où en sommes-nous en 2019 ?
Dans le cadre de la loi contre le gaspillage alimentaire, le principe de « donner plutôt que jeter » s’applique désormais aux industries agroalimentaires. Ainsi qu’à à la restauration collective, en commençant par les restaurants de 3 000 à 5 000 couverts par jour. Cependant « redistribuer des repas s’avère plus complexe que de redistribuer des produits » admet Guillaume Garot.
Une question a été soulevée cependant lorsque nous étions présentes au comité opérationnel du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire : comment les associations vont-elles réussir à mettre en place une logistique permettant de récupérer les dons à la fois des enseignes, de la restauration collective et des industries agroalimentaire ? Des fonds vont-ils être débloqués ?
Au delà des dons, l’accent sera également mis sur l’éducation des enfants. Il a par exemple été mis en place des « gâchis-mètres » : des corbeilles transparentes qui mettent en évidence la quantité de pain jetée. Le but ? Les sensibiliser et leur apprendre à ne pas prendre des produits qu’ils ne sont pas sûrs de consommer.
Et vous ? A votre échelle vous pouvez aussi lutter contre le gaspillage alimentaire en commençant par des petits gestes du quotidien. On compte sur vous !
Isaure a suivi une formation d’ingénieur en Alimentation & Santé et s’est spécialisée en création de produits alimentaires innovants avant de s’ouvrir davantage à l’innovation, domaine essentiel à ses yeux surtout dans un monde où les challenges environnementaux et économiques ne font que grandir.