Portrait : Quel visage pour l’agriculture de demain ?
Rédigé par Laurine le 13/08/2020
Les sources s’accordent sur l’apparition de l’agriculture au néolithique vers 9000 av JC. Il s’agit de la première révolution agricole caractérisée par la transition de tribus de chasseurs-cueilleurs vers des communautés d’agriculteurs.
Mais qu’est-ce que l’agriculture ? L’agriculture désigne le travail du sol. On distingue principalement la culture pour le végétal et l’élevage pour l’animal. L’agriculture évolue ensuite naturellement avec les civilisations.
Avec l’amélioration des techniques de production (irrigation, mécanisation, engrais et pesticides, OGM…) ou encore l’accroissement de la population et la mondialisation (division du travail, production intensive, import-export.. ), le visage de l’agriculture a beaucoup évolué.
L’agriculture de demain nous promet alors encore de nombreux changements. Entre les besoins d’une population mondiale qui ne cesse de croître et le désir d’intégrer le respect de l’environnement au secteur agricole; quel équilibre est possible ? La technologie est-elle la solution ? On décrypte tout ici.
Pratiques actuelles et tendances pour l’agriculture de demain
Le premier constat que l’on peut faire du secteur agricole aujourd’hui est qu’il ne répond plus totalement aux besoins actuels. Entre urgence climatique, désir d’une alimentation saine et accroissement de la population, l’agriculture de demain doit encore être inventée.
1. Un secteur économique porteur
L’agriculture est un secteur qui englobe de nombreuses productions. Il s’agit bien sûr des productions qui assurent l’alimentation humaine, mais le secteur agricole sert aussi pour l’alimentation des animaux, la fabrication des matières premières de nos vêtements et autres produits industriels (biodiesel, caoutchouc..). On comprend mieux pourquoi en 2019, la superficie des terres agricoles représentait 40 % des terres émergées du globe (OCDE et FAO). Parmi ces terres, 68% sont des prairies (alimentation animale), 29 % des terres arables (culture maraîchère et céréalière) et 3 % des cultures permanentes (vergers, vignobles).
L’agriculture représente une part très importante de l’économie de certains pays du monde. Selon des données Knoema, la Chine, les Etats-Unis et l’Inde représentent 48% de la production de céréales mondiale. La France est leader mondial de la production de betteraves sucrières, l’Espagne d’olives et l’Indonésie d’huile de palme. L’agriculture aujourd’hui c’est aussi un secteur porteur d’emplois : en moyenne 34% des emplois dans les pays pauvres et 5% dans les pays riches.
2. Un secteur dominé par des leaders forts
“L’agriculture mondiale a évolué et s’est transformée en un secteur très hétéroclite avec notamment des agriculteurs de subsistance face à de grandes multinationales agricoles” (rapport de l’OCDE et de la FAO sur les Perspectives agricoles).
En effet, aujourd’hui ce sont des multinationales ou immenses coopératives qui règnent sur le secteur céréalier: les « Big Four” ou ABCD (ADM, Bunge, et Cargill, trois Américaines, et enfin Dreyfus, la franco-suisse qui représentent 90% de parts de marché des céréales). Un constat semblable peut s’effectuer pour toutes les catégories du secteur agricole : trois multinationales règnent par exemple sur 55% du marché mondial des semences : Monsanto, DuPont Dow et Syngenta.
Mais il existe aussi d’immenses coopératives qui rivalisent avec ces groupes. Elles permettent de mettre en commun l’utilisation d’outils de production, de conditionnement, de stockage mais aussi de transformation et commercialisation. On peut citer la coopérative Terrena par exemple, née de la fusion en 2004 de trois grosses coopératives, et qui possède des marques bien connues comme Père Dodu et Paysan Breton. Aujourd’hui, son modèle séduit ¾ des agriculteurs français.
Certaines de ces coopératives agricoles s’unissent pour développer le bio à grande échelle sur le territoire français. L’immense coopérative Agrial, par exemple (23 000 salariés, 13 000 agriculteurs), travaille avec les Groupements d’Agriculteurs Biologiques (GAB) et d’autres coopératives pour élargir sa gamme de légumes bio et répondre à la demande des enseignes (Coopérative & Agriculture Biologique: un pari gagnant, COOP de France, 2016).
3. Des petites exploitations qui ripostent
Diversification d’activités
Pour se démarquer des multinationales, les petits agriculteurs diversifient leurs activités. Leur patrimoine foncier leur permet parfois de proposer des hébergements, de la restauration, des visites pédagogiques ou encore la transformation des produits de la ferme puis leur commercialisation sur place. Le réseau national d’agriculteurs Bienvenue à la ferme regroupe plus de 8000 exploitations qui proposent ce genre de services. On peut aussi trouver leurs produits dans des distributeurs automatiques que l’on croise sur les routes de campagne. On dénombre aujourd’hui 333 drives de ce genre en France, ils sont à retrouver sur Drive fermier. Ces initiatives sont remarquées par les consommateurs mais sont encore loin de rivaliser avec les multinationales.
Conversion à l’agriculture biologique
Beaucoup d’agriculteurs se lancent dans la conversion de leur exploitation à l’agriculture biologique, marché en plein essor. Dans les régions françaises, les conversions des fermes vont bon train. L’Observatoire régional de l’agriculture biologique a annoncé qu’en 2019 la Gironde affichait la dynamique de conversions la plus forte (+23 % de fermes bio par rapport à 2018).. L’objectif de la France dans son programme Ambition Bio est de passer de 6,5% à 15% de surface agricole utile d’ici 2022 convertie en agriculture biologique. Pour cela l’Etat soutient les agriculteurs avec le renforcement des moyens consacrés aux aides à la conversion (crédits d’impôt de 2 500 à 3 500 euros, financements publics…). Pour aider les agriculteurs à réduire l’usage de produits phytosanitaires, une enveloppe de 30 millions d’euros a été débloquée.
Mais la transition vers une agriculture plus responsable reste difficile et lente. Les agriculteurs avec des exploitations de petites et moyennes tailles connaissent souvent des difficultés économiques que les aides de l’Etat ne comblent pas. Le passage à une agriculture responsable n’est pourtant pas un sujet sur lequel le secteur agricole peut se permettre de traîner
4. Une urgence climatique couplée à des problèmes environnementaux et sanitaires
Les émissions de l’agriculture ont baissé de 22 % de 1990 à 2012, un résultat très encourageant. Cependant dans l’Union Européenne, la part de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre est encore de 10,2 %. L’élevage intensif représente les plus grosses émissions de gaz à effet de serre. Selon Greenpeace, à l’échelle mondiale en 2017, l’élevage représente 14,5 % des émissions, soit autant que le secteur du transport. L’agriculture contribue donc fortement au réchauffement de la planète et c’est pourquoi des changements sont nécessaires au sein du secteur.
Au delà des émissions de gaz à effet de serre, il faut noter que la production agricole mondiale est elle-même menacée par la destruction ou la perte de qualité des terres actuelles. Le changement d’affectation des sols, leur salinisation ou l’utilisation d’engrais et pesticides à outrance rendent les terres impropres aux usages agricoles. S’en suit évidemment un désastre écologique : les sols ne peuvent plus absorber de carbone et accueillir la vie (plantes, cultures, insectes..)
Des débats tels que ceux sur l’autorisation en Europe du glyphosate(l’herbicide le plus utilisé au monde) ou encore la pollution de l’eau à cause de l’élevage intensif ont émergé ces dernières années (Médiapart, 2015). L’agriculture est un secteur vital qui se heurte à d’autres aspects vitaux : la préservation de l’environnement ainsi que notre santé.
Heureusement, les mentalités évoluent ces dernières années et l‘éveil écologique frappe une partie de la population qui accorde moins d’importance à l’esthétique de ses fruits ou légumes. Le renouveau du mouvement du “fait maison”, du bien manger, et le retour aux traditions, entraînent aussi une forte croissance du bio. Selon l’Agence Bio, en 2019, près des ¾ des français consommaient bio au moins une fois par mois et 14% en consommaient tous les jours. C’est un marché en pleine croissance dont le développement à grande échelle pourrait soulager notre planète.
Quel visage pour l’agriculture de demain ?
Le chemin paraît long pour atteindre une agriculture de demain responsable et qui saura répondre aux enjeux futurs. Cependant, de très nombreux projets, initiatives et innovations sont déjà en cours de développement et donnent beaucoup d’espoir quant à une agriculture de demain responsable. Mais quelles solutions sont envisagées et envisageables ?
1. L’agriculture de demain, 100% maison
La première hypothèse serait celle d’une agriculture de demain au maximum auto-produite ou “faite maison”. L’objectif étant que chacun réponde au maximum à ses besoins en ayant accès à des aliments bio à moindre coût afin de soulager l’environnement de l’agriculture intensive, du transport…etc.
Avec jardin, le plaisir simple du retour à la terre
Ce n’est pas passé inaperçu durant le confinement, beaucoup de français ont exprimé leur désir de retour au vert. Les consommateurs semblent se recentrer sur l’essentiels et faire pousser leur nourriture en fait partie. En effet, pour éviter au maximum de se rendre au supermarché, quoi de mieux que de transformer son jardin en supermarché ? Le nombre d’articles et vidéos concernant l’aménagement d’un potager dans son jardin a explosé.et les jardineries ont été dévalisées. Le secteur des bulbes, plants et semences a connu une hausse de près de 18 %.
L’agriculture de demain pourrait donc ressembler à cela. Un potager dans chaque jardin. La plupart des sites spécialisés s’accordent sur le fait qu’un potager de 100 m² assure la quantité nécessaire en fruit et légumes frais de saisons pour deux personnes une grande partie de l’année. C’est la taille moyenne des potagers français soit environ la moitié d’un terrain de tennis. Un potager de 320 à 500 m² est considéré comme un vrai potager nourricier : il assure une autonomie complète en légumes pour 4 à 5 personnes. La démocratisation des potagers dans nos jardins pourrait donc être en partie un visage de l’agriculture de demain.
Cependant tout le monde n’a pas l’ambition ou le désir de cultiver soit même sa nourriture. Le confort de se rendre dans un supermarché surpasse pour beaucoup des après-midi accroupi les mains dans la terre. De plus, tout le monde n’a évidemment pas de jardin ou la place et le budget d’aménager un tel espace. Mais même avec cela, l’agriculture de demain 100% maison pourrait trouver sa place.
Sans jardin, mais avec de l’ingéniosité
Les offres permettant de développer soit même ses cultures en appartement ou sur son balcon explosent. La multinationale LG a présenté début 2020 son Column Garden, un potager d’intérieur connecté. Avec un design et une taille similaires à ceux d’un réfrigérateur, il promet des légumes bio pour 4 personnes avec un réglage de la température requise pour chaque variété de légumes et une régulation de l’arrosage. Moins dans le high-tech et pour les novices, de plus en plus d’enseignes proposent des bacs à légume pour le balcon ou des kit pour faire pousser ses herbes aromatiques.
Tous ces aménagements présentent tout de même des limites ; il faut un désir collectif de la population de se mettre à la culture de sa nourriture. De plus, le confort de la mondialisation est une habitude très ancrée dans le modes de vies des consommateurs (disposer de produits diversifiés, pas forcément de saison ou correspondant à nos conditions climatiques). Enfin, et surtout, ce type d’agriculture 100% maison est en réalité loin du 100%. Les consommateurs sont ils prêts à se passer de viande, lait, café, bananes ou encore riz ? Cela parait peu probable…
2. L'agriculture de demain, en ville
Un autre type d’agriculture se développe aujourd’hui : l’agriculture urbaine (expliquée ici par le CEREMA). Il s’agit de la production de légumes, de fruits et autres aliments en ville. Elle peut être pratiquée sur des toits, dans des cours, des potagers partagés et même dans des espaces publics. L’ONU et la FAO mettent en avant cette solution pour répondre aux besoins des villes, en particulier dans les villes et les pays pauvres. Selon la FAO, “une superficie de 1m² peut fournir 20 kg de nourriture par an”. Mais dans quelles mesures ce type de production pourrait vraiment être l’agriculture de demain ?
En effet, aujourd’hui 55% de la population mondiale est citadine. Selon l’ONU, en 2050 ce sera 68% de la population qui vivra en ville. Les villes vont s’agrandir et si on envisage une agriculture pour demain dans ces dernières, il faut aussi penser à les aménager en conséquences.
Des jardins collectifs
A Paris, on trouve 117 jardins collectifs, ce sont des espaces participatifs cultivés et animés par les habitants. Ces jardins ont l’avantage d’être très facilement aménageables en ville : grand ou petit, en pleine terre ou en bac, sur les toits ou dans les jardins publics, au bord des rails ou sur une ancienne friche. Il s’agit aujourd’hui majoritairement d’espaces de convivialité et la quantité d’aliments produits est souvent dérisoire mais cela pourrait évoluer.
Des toits-potagers
De plus, certaines entreprises développent sur les toits de leurs immeubles des potagers pour leurs employés, permettant ainsi de reverdir la ville. On peut citer le projet Opéra 4 saisons, qui se développe sur 2500 m² de toitures et 2000 m² de façades de l’Opéra Bastille. Les toitures maraîchères cultivées en agro-écologie permettent de produire une centaine de paniers hebdomadaires pour les salariés de l’Opéra et les habitants du quartier, et fournissent aussi les restaurants aux alentours.
Des Ecoquartiers
On voit se développer les “EcoQuartiers”. Ce sont des zones urbaines entièrement conçues, organisées et gérées dans une démarche de développement durable. A Asnière-sur-Seine par exemple, dans le Quartier de Seine Ouest, 8 000 m² de toitures sont consacrés à l’agriculture urbaine. A Nantes, trois écoquartiers sont actuellement en cours de construction : quatre fermes, une trame cyclable, des cheminements doux ou encore 2500 logements.
Ce type d’aménagement participe évidemment à la végétalisation de la ville et présente de très nombreux bienfaits, à la fois pour l’environnement et notre santé. Réduction de la pollution, alimentation de proximité, réduction du stress, santé préservée, éducation à la biodiversité..etc.
Cependant, il semblerait qu’une agriculture entièrement en ville soit une utopie. L’agriculture urbaine va en effet se développer mais pour devenir une production d’appoint pour de nombreux citadins. Elle ne comblera pas la totalité de leurs besoins ni ceux de la population rurale. C’est pourquoi il faut envisager pour l’agriculture de demain des solutions à bien plus grande échelle.
3. L'exploitation agricole du futur
Si les propositions que nous venons d’énoncer sont enviables pour l’agriculture de demain, elles semblent insuffisantes pour répondre aux défis à venir. La population mondiale devrait atteindre 8,5 milliards d’individus en 2030, puis passer à 9,7 milliards en 2050. Cette croissance démographique nous oblige à penser une agriculture de demain plus intensive que le 100% maison ou 100% en ville. Intensive oui, mais l’agriculture de demain devra aussi être responsable.
Des fermes innovantes
De nouveaux types de fermes voient le jour un peu partout sur le globe. Les cultures hors sol sont déjà bien utilisées. Elles permettent une meilleure gestion de l’irrigation, évite que les fruits ne pourrissent au contact du sol et enfin permettent d’implanter la culture sur n’importe quelle terre. Une famille d’entrepreneurs du Gard propose un projet ambitieux : des cylindres dans lesquels poussent des centaines de plantes. Les cylindres tournent très lentement et l’arrosage s’effectue quand la plante a la tête en bas directement sur les mottes de terre pour que la gravité fasse descendre l’eau mélangée à des nutriments vers les racines. Avec ce type de culture entièrement en intérieur, fini les aléas climatiques qui ravagent les cultures et le gaspillage de l’irrigation !
Cependant, pour que de telles fermes puissent se développer à très grande échelle et ne deviennent pas des monstres en matière de consommation d’énergie, il faut voir encore plus global.
C’est en partie pour répondre à ce nouveau problème qu’est né en France le projet Sun’Agri développé par l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) en collaboration avec l’entreprise Sun’R. L’idée est d’optimiser la production agricole avec des solutions agrovoltaïques comme des panneaux solaires mobiles. La France est encore au début de sa réflexion sur les fermes autonomes mais d’autres pays sont bien plus avancés. Au Canada, en juillet 2017, une ferme laitière de 130 vaches est devenue la plus grosse centrale photovoltaïque du Manitoba (province canadienne). Elle accueille 540 panneaux photovoltaïques qui lui permettent une indépendance énergétique totale.
La technologie au coeur de l’agriculture de demain
Le numérique et la donnée vont transformer l’agriculture en une industrie beaucoup plus mesurée et maîtrisée. C’est déjà le cas avec tous les tracteurs et machines automatisées, sans parler des robots qui font leur apparition. Il existe par exemple Dino de Naïo Technologies, le “robot enjambeur” qui désherbe mécaniquement et automatiquement les cultures de salade grâce à ses outils de binage et guidage. Ou encore les nouveaux types de robots de traite pour les vaches laitières comme Gemini, entièrement automatisé.
Et la science va encore plus loin avec la fabrication de viande recomposée à partir de fibres végétales ou la culture de viande en laboratoire. Cette dernière permettrait de diviser par 25 les émissions de gaz à effet de serre et d’utiliser 100 fois moins de terres que la production traditionnelle (Environmental Science & Technology Journal). Très récemment, c’est KFC qui a annoncé vouloir bio-imprimer ses nuggets grâce à un partenariat avec 3D Bioprinting Solutions, une société russe.
Le dernier exemple rappellera à certains des scènes peu appétissantes de L’Aile ou la Cuisse, mais pas d’inquiétude, s’il est certain que les avancées scientifiques et technologiques auront une place importante dans l’agriculture de demain, la plupart n’iront pas dans cette direction tout de suite.
Conclusion
Il faut évidemment encore de la patience pour savoir ce que nous réserve réellement l’agriculture de demain. Les mentalités des consommateurs évoluent en faveur d’une agriculture responsable, respectueuse de l’environnement et saine. Mais encore faudrait il que les agriculteurs aient les moyens de mettre en place ces changements. Ce qui est certain, c’est que l’agriculture responsable de demain ne sera possible qu’avec une collaboration entre tous les acteurs, mais aussi entre les pays. En effet, selon l’OCDE, la planète produit l’équivalent d’environ 2800 calories par personne et par jour à l’échelle mondiale. L’apport calorique journalier recommandé pour un adulte variant entre 2000 et 2500, chacun devrait donc manger à sa faim. La responsabilité est au manque de solidarité internationale concernant le partage des technologies agricoles notamment, mais aussi au gaspillage causé par des aléas climatiques, la surproduction ou des normes de calibrage des supermarchés. Arriverons-nous à réduire ces inégalités et ce gaspillage avec l’agriculture de demain ? Affaire à suivre…